Les tranchées de la Première Guerre mondiale - Musée de la Grande Guerre

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L’utilisation des tranchées lors de la Première Guerre Mondiale

11.16.22

Lieu de vie des fantassins pendant la Première Guerre mondiale, les tranchées marquent le début d’une nouvelle ère : la guerre des positions. Inhospitalières, insalubres et dangereuses, elles accueillent tous les soldats qui gardent le front face à l’ennemi. Issu d’une doctrine défensive, le réseau des tranchées est un moyen de délimiter les deux camps. Cependant, cette stratégie entraîne également une paralysie totale du conflit et un épuisement des forces en présence. Le musée de la Grande Guerre de Meaux vous en apprend davantage sur la guerre des tranchées en retraçant le quotidien des soldats au front.

Le soldat Gabet au périscope - Son caporal, Nolot, dans la tranchée de 1ère ligne - 27 novembre 1915
Le soldat Gabet au périscope - Son caporal, Nolot, dans la tranchée de 1ère ligne - 27 novembre 1915

Qu’est-ce que la guerre des tranchées ?

La guerre des tranchées est une expression qui désigne la période de guerre de positions. À la différence de celle de mouvement, où les unités se déplacent rapidement (aucun front fixe), la guerre des tranchées est la phase durant laquelle les opérations militaires sont statiques. Puisque les forces sont égales et les fronts continus, le mouvement est limité. Les armées optent pour un système défensif où plusieurs lignes de tranchées se font face et sont séparées par un no man’s land, signifiant littéralement “terre sans homme”. Il s’agit de l’espace situé après les barbelés entre les deux tranchées opposées.

Pendant la Première Guerre mondiale, la mise en place de cette stratégie n’a pas été la première solution. Elle est choisie en dernier recours après que l’échec des tentatives de débordement, d’attaques surprises et de débarquements côtiers aient conduit les armées au bord de la mer. Ainsi, des kilomètres de tranchées de la frontière suisse à la Manche, près de Nieuport, en Belgique, ont été creusés par les soldats. Cette situation de blocage est une véritable impasse qui mène à de longues années de guerre pendant lesquelles les soldats vivent ce que l’on appelle souvent l’enfer des tranchées.

Soldats français dans une tranchée

Pourquoi les tranchées ?

Après l’assassinat de l’Archiduc François-Ferdinand lors de l’attentat de Sarajevo, le 28 juin 1914, l’Europe s’embrase. Des alliances se font avec, d’une part, la Triple Alliance, composée de l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie, et d’autre part la Triple-Entente,   composée de la Grande-Bretagne, la France et la Russie. Dès le mois d’août, des stratégies offensives sont proposées afin de réaliser une “guerre courte”.

  • En France, l’armée se base sur le plan XVII du général Joffre, développé après la guerre franco-allemande de 1870.
  • En Allemagne, le plan Schlieffen consiste à écraser en à peine quelques semaines la France pour, ensuite, se consacrer à la Russie.

Cependant, la guerre de mouvement est un échec et l’enlisement du conflit se fait ressentir au front. Les Russes perdent à l’est lors des batailles de Tannenberg et des Lacs Mazures. À l’ouest, le bilan de la bataille de la Marne (6 au 11 septembre 1914) est effroyable :

  • 21 000 Français tués ;
  • 3 000 Britanniques tués ;
  • 43 000 Allemands tués ;
  • des dizaines de milliers de blessés et de disparus.

La “course à la mer” est également un échec. Les armées n’arrivent pas à gagner du terrain. La guerre s’enlise et les soldats entrent dans une longue phase de guerre des tranchées.

Guetteur dans une tranchée 1914-15
Guetteur dans une tranchée 1914-15

Les conditions de vie dans les tranchées

La vie quotidienne dans les tranchées était un véritable calvaire pour les hommes qui gardaient la ligne de front. Si, contrairement à ce que l’on pense parfois, les soldats n’y restaient pas en permanence (ils n’y passent que quelques jours avant d’être relevés et de retourner aux secondes lignes), les conditions de vie y sont extrêmement difficiles.

Les soldats ne se reposent pas, ne se déshabillent pas, s’alimentent mal et boivent peu. La ration de survie des fantassins de l’armée française est composée de pain ordinaire, de viande fraîche (conservée par la glace), de charcuterie, de conserve de viande, de légumes secs (riz, lentilles) et frais (choux, pommes de terre…), de confiture, de marmelade, de café et d’un demi-litre de vin par jour. Toutefois, en cas de bombardements, les gamelles des soldats ne pouvant être acheminées par les “hommes de soupe”, les soldats peuvent rester plusieurs jours sans manger ni boire. Souffrant de la faim et de la soif, ils attendent les périodes d’accalmie pour se nourrir. Souvent, dans leurs assiettes, la boue et la terre se mêlent à leurs aliments.

Outre le fait de combattre l’ennemi à toute heure de la journée, et notamment aux aurores lors du branle-bas de combat, les soldats doivent aussi lutter contre les conditions sanitaires difficiles. Insalubres à cause des de la boue, des rats, des poux de corps, des mouches, des excréments, de la proximité des cadavres, etc. les tranchées sont le foyer de nombreuses maladies. Cette situation cause des pathologies comme la dysenterie, le typhus, le choléra, le pied et/ou la main des tranchées, les néphrites… Faucheuse infatigable, la mort emporte de nombreuses vies dans les tranchées.

Tranchée à Verdun en 1915
Tranchée à Verdun en 1915

Leur évolution

L’emploi des tranchées durant la Première Guerre mondiale marque un tournant : les armées adverses préfèrent camper sur leurs positions plutôt que d’attaquer au risque de perdre des vies et de se retrouver en infériorité numérique. Cette stratégie s’installe dans la durée, toute une organisation se développe au fil de la guerre et l’on voit le développement de véritables réseaux de tranchées. Les Britanniques recommandent en effet l’utilisation de 3 lignes parallèles reliées par des tranchées de communication.

  • La première ligne, composée d’abris et de postes de tir, est la plus exposée.
  • La deuxième ligne, 70 mètres derrière la première, est utilisée pour se replier en cas de bombardements.
  • La troisième ligne, aussi connue sous le nom de tranchée de réserve, se trouve à 150 mètres minimum de la première. Elle sert de ligne de stockage aux munitions, aux provisions… C’est aussi la ligne dans laquelle les soldats viennent se reposer.

Il peut également y avoir un deuxième réseau de tranchées derrière les premières. Les Allemands privilégient cette technique, notamment lors de la bataille de la Somme. Séparées de plusieurs kilomètres, leurs tranchées sont quasiment infranchissables par les ennemis qui souhaitent faire une percée. Les Allemands ont été jusqu’à fortifier leurs tranchées. Créées en béton armé et ventilées, elles sont plus adaptées à d’éventuelles retraites stratégiques.

Observatoire du Hibou - Eperon d'Ailles - 18 juillet 1917
Observatoire du Hibou - Eperon d'Ailles - 18 juillet 1917

L’influence des tranchées sur la Première Guerre mondiale

La guerre de mouvement ayant rapidement laissé place à la guerre de positions, les tranchées sont le symbole de la Grande Guerre sur le front de l’ouest. Elles illustrent la complexité de la guerre, mais également son enfer. Enfermés dans un endroit exigu et insalubre, les soldats s’épuisent aussi bien moralement que physiquement. Dans l’imaginaire collectif, la Première Guerre mondiale est d’ailleurs synonyme de guerre des tranchées et de conflits sans fin, paralysés jusqu’à l’entrée en guerre des États-Unis.

Vous voulez en savoir plus sur la guerre des tranchées ? Le musée de la Grande Guerre de Meaux vous propose sa collection permanente d’objets de la Première Guerre mondiale.

Nous vous accueillons aussi du 26 mars 2022 au 2 janvier 2023 à l’exposition temporaire consacrée aux tranchées pendant la Première Guerre mondiale. Vous y retrouverez plus de 300 objets et œuvres, archives et vidéos qui vous permettront de mieux comprendre cet aspect fondamental de la Grande Guerre.