Les artilleurs de la Grande Guerre
Musée ouvert aujourd’hui de 09h30 à 18h00
Rien ne symbolise plus la Première Guerre mondiale dans l’imaginaire collectif que les tranchées. Ces longs corridors creusés dans la terre, formant un système complexe avec différentes lignes reliées entre elles. Les conditions de vie pour les soldats qui s’y trouvaient étaient particulièrement difficiles. À quoi ressemblait le quotidien dans les tranchées de la Grande Guerre ?
Il est avant tout important de savoir que tous les soldats de la Première Guerre mondiale n’ont pas connu les tranchées. Elles étaient avant tout un phénomène qu’on retrouve sur le front occidental, où elles forment une ligne de 700 kilomètres de la mer du Nord jusqu’à la Suisse. Si on en retrouve sur les autres fronts, elles sont moins systématiquement utilisées.
Enfin, il est important de comprendre que les tranchées étaient plus un lieu d’attente que de combat. L’impasse stratégique fait que les principales activités en première ligne étaient des corvées (comme l’installation de barbelés pendant la nuit ou l’entretien des tranchées) et les tours de guet. On n’y restait jamais en permanence. Les soldats y restaient une huitaine de jours, puis étaient relevés, passaient à une ligne à l’arrière pour la même durée, puis se rendaient dans un village à l’arrière.
Les tranchées sont un système complexe de boyaux interconnectés où l’on retrouve des postes de commandement ou des postes de secours, mais aussi des abris pour les soldats.
Ceux-ci sont de natures diverses. Au départ, de simples trous creusés dans le sol, ils se sont sophistiqués avec le temps et, aux deuxième et troisième lignes, un relatif confort commence à s’installer. Ces abris prennent des noms variés : cagna, gourbi, guitoune… Ils sont creusés en profondeur pour les protéger au mieux des bombardements. Certains sont installés dans des grottes ou des carrières souterraines. Sous terre, ils sont étayés avec des planches et des rondins. Dans certains rares cas, ils sont même bétonnés.
Pour améliorer leur confort, les soldats récupèrent ce qu’ils peuvent dans les villages et maisons abandonnés : poêles, bougeoirs, lampes à pétrole, meubles… Il se fabriquent également des couchettes avec les moyens du bord. Si la qualité des guitounes varie fortement (les premières lignes sont les moins bien loties et restent bien souvent de simples trous), elles permettent cependant à la camaraderie entre les soldats de se développer et une société à part avec ses codes, ses solidarités (et ses rivalités) se recrée.
Les soldats ne bénéficient que rarement d’un bon sommeil. La vie dans les tranchées de la Première Guerre mondiale est rythmée par le bruit assourdissant et menaçant des bombardements et les conditions sanitaires déplorables, sans oublier le fait qu’on y vit de nuit et qu’il faut rester constamment sur le qui-vive, ce qui rend le simple fait de bien dormir quasiment impossible.
La vie quotidienne dans les tranchées est très difficile. Les conditions d’hygiène sont très mauvaises. La proximité d’excréments humains, des cadavres, de déchets, soit autant de sources de nourriture pour certains animaux, attire des nuisibles de tous les genres : rats, puces et poux sont omniprésents. Quant à la nourriture et à l’eau, si le ravitaillement était en principe assuré, il pouvait arriver, quand les conditions étaient mauvaises, qu’il se fasse attendre pendant des jours.
Quand on pense aux tranchées, on pense à la boue dans laquelle doivent patauger les soldats. Mais le temps sec n’apporte pas forcément de répit car c’est alors la poussière qui vient les tourmenter.
Toutes ces conditions étaient sources de maladies. Notamment, l’impossibilité de se laver ou même de simplement retirer ses chaussures cause des maux tels que le pied de tranchée, qui pouvait entraîner la gangrène et l’amputation. L’insalubrité augmentait les risques de gangrène en cas de blessure. Les hommes peuvent être atteints de dysenterie, de typhus, de choléra ou de divers parasites intestinaux. Enfin, à partir de 1918, alors que les organismes s’épuisent, l’épidémie de grippe espagnole s’abat sur le monde, y compris dans les tranchées, et fait entre 20 et 100 millions de morts dans les années qui suivent.
La santé mentale des soldats n’était pas épargnée. La proximité permanente de la mort, les bombardements intenses, le risque permanent d’une attaque au gaz, mais aussi l’ennui les mettent à rude épreuve. Le simple fait de laisser sa tête dépasser de la tranchée est un danger de mort et circuler d’une ligne à l’autre expose aux bombardements. Les soldats sont également négativement impactés par la proximité des cadavres aussi bien ennemis qu’amis, laissés là parfois après des heures d’agonie. Ainsi, nombre d’entre eux sont frappés de symptômes physiques et psychiatriques alors qualifiés d’obusite. Aujourd’hui, on sait qu’il s’agissait d’une forme de syndrôme de stress post-traumatique.
La vie dans les tranchées est également rythmée par la météo, qui était l’une des grandes préoccupations des soldats. On pense évidemment aux pluies qui peuvent transformer les tranchées en bourbier (notamment lors de l’année 1916, particulièrement pluvieuse), mais les soldats subissaient aussi le froid. Les hivers 1914-1915 et 1916-1917 sont particulièrement rudes. Au contraire, les chaleurs de l’été apportent leurs propres problèmes, notamment la difficulté à trouver de l’eau.
Avec le temps, les premières lignes ont peu à peu assumé un rôle de guet et donnent l’alerte en cas d’attaque et les 2e et 3e lignes sont les véritables lignes de défense. La communication est assurée par téléphone, mais les lignes sont souvent sectionnées lors des combats. Il faut alors faire appel à des coureurs pour transmettre les messages, un poste particulièrement risqué.
Les attaques ennemies sont en général précédées d’un lourd bombardement. Les armes, grenades et munitions, ainsi que l’artillerie de tranchées doivent être prêtes à être utilisées en toute circonstance. Lorsque l’assaut ennemi est lancé, il faut espérer que le feu de l’artillerie alliée suffira à mettre l’assaut en échec. Sinon, depuis les tranchées, il faut repousser l’ennemi avec des grenades et des fusils. Le combat rapproché est rare et se fait essentiellement avec des armes de poing et des fusils. L’utilisation de la baïonnette et du couteau est peu répandue.
Vous êtes passionné par la Première Guerre mondiale ? Le Musée de la Grande Guerre de Meaux vous propose de venir découvrir plus en profondeur ce conflit qui a façonné l’histoire du XXe siècle et mieux comprendre le quotidien des soldats.