L’artillerie de 1914 à 1918
Musée fermé actuellement
En 1916, alors que la Grande Guerre s’est enlisée depuis plus d’un an, elle va connaître l’une de ses batailles les plus connues du grand public en France : la bataille de Verdun, initiée par l’Allemagne. Pourquoi a-t-elle autant marqué les esprits et quel était son enjeu ?
Début 1916, l’Allemagne est dans une situation difficile. La guerre dure depuis plus d’un an et ses forces commencent à s’épuiser. Le commandement souhaite une victoire forte et stratégique. Le front de l’est n’est pas retenu pour une attaque, puisque considéré comme trop risqué, tout comme une attaque sur l’Angleterre. Il est donc décidé de se concentrer sur la France. L’objectif : mettre la France hors-combat, forcer le Royaume-Uni à se battre seul sur le front occidental et couper la Russie de ses alliés.
Le choix de Verdun n’est pas un hasard. L’endroit est stratégique pour les Allemands pour plusieurs raisons :
Enfin, l’objectif est multiple. En plus d’une victoire stratégique, le général allemand Erich von Falkenhayn veut forcer les Français à défendre une position difficile à tenir, dans une stratégie d’usure qui les force à sacrifier beaucoup d’hommes et de ressources.
L’armée allemande commence la bataille par un bombardement massif visant les positions françaises, notamment les forts, qui commence le 21 février 1916 à 7h15 pile. Au total, ce seront 80 000 obus qui seront tirés en 24 heures. Les positions françaises sont détruites, les forêts et le terrain ravagés.
Suite au bombardement, les Allemands attaquent et prennent le fort de Douaumont le 25 février. Cependant, la progression au-delà de ce point est rendue difficile d’une part par le terrain rendu impraticable par les obus, mais aussi par la résistance acharnée des survivants français. Bientôt rejoints par des renforts, ils parviennent à repousser les assaillants.
La bataille est alors confiée au général Pétain. Celui-ci entreprend alors de grandes mesures. Il réorganise les défenses et l’artillerie, mais surtout, il met en place ce qui sera nommé la Voie Sacrée : une route stratégique pour la logistique dont l’armée française a besoin. Ainsi, circuleront sur cette voie :
Autre mesure importante : il met en place une rotation des troupes, pour éviter d’épuiser ses hommes. Ainsi, les soldats ne passent que quelques jours à la fois en première ligne, avant de reculer en deuxième ligne pendant quelques jours, etc.
Cependant, fin juin, les Allemands prennent le fort de Vaux. De là, ils tentent une grande attaque en bombardant le 18 juin 1916 le secteur de Verdun notamment avec des obus au phosgène. Cependant, le temps que le gaz se dissipe, les Français ont le temps de réorganiser leurs défenses et cette attaque échoue.
Le 1er juillet 1916 commence la bataille de la Somme. Cet événement, qui s’ajoute à l’offensive Broussilov à l’est, oblige l’Allemagne à retirer des troupes de la bataille de Verdun, ce qui change considérablement le rapport de forces.
Les 11 et 12 juillet, les Allemands tentent à nouveau de prendre Verdun. Pour cela, ils doivent neutraliser le fort de Souville, qui bloque le chemin vers la ville. Ils bombardent alors cette position. Cependant, cela ne suffit pas à détruire totalement les défenses, et les mitrailleurs qui s’y trouvent encore, avec l’appui de l’artillerie, parviennent à repousser définitivement l’armée adverse. Face à cet échec, Falkenhayn est contraint à la démission le 26 août.
En automne, c’est aux Français, accompagnés des troupes coloniales, dont les tirailleurs sénégalais, de lancer leur assaut, à l’aide de bombardements d’obus conventionnels et au gaz. Le fort de Douaumont est repris le 24 octobre, puis le fort de Vaux dans la nuit du 2 au 3 novembre.
La bataille de Verdun prend fin avec un dernier assaut français du 15 au 18 décembre qui permet de récupérer le terrain perdu depuis février.
Verdun a marqué durablement les esprits pour plusieurs raisons. La bataille a avant tout marqué la France, car, du fait du roulement organisé par Pétain, les trois quarts des soldats français (y compris les troupes coloniales) sont à un moment donné passés par la bataille de Verdun.
C’est également la bataille la plus longue de la Première Guerre mondiale et, bien qu’il ne s’agisse pas de la plus meurtrière, le bilan humain est très lourd :
216 000 Français et 196 000 Allemands seront blessés au cours de la bataille de Verdun. Les pertes se chiffrent en centaines de milliers de morts et de blessés, pour un gain de terrain nul. S’il s’agit d’une victoire défensive française, le nombre de morts pour revenir au statu quo peut être considéré comme un symbole de l’absurdité de la guerre.
Enfin, Verdun est a marqué les esprits car elle concentre toutes les horreurs de la Grande Guerre : les bombardements intenses, le no man’s land, les paysages dévastés et les cris d’agonie des blessés et des mourants, la boue dans laquelle les soldats doivent ramper pour rester en vie, les lance-flammes, les attaques au gaz…
Enfin, le territoire porte encore aujourd’hui les stigmates de la bataille : plus de 100 ans plus tard, les trous d’obus sont encore visibles et Verdun est devenu l’un des principaux lieux de mémoire de la Grande Guerre.
En 1917, Verdun subit à nouveau une bataille. Cet engagement, moins long (il ne dura que du 20 août au 28 septembre, soit à peine plus d’un mois), est moins resté dans les mémoires que la bataille de 1916.
Cette bataille était un assaut français, mené par le général Adolphe Guillaumat, qui consistait en plusieurs assauts limités, visant à reprendre petit à petit plusieurs objectifs stratégiques, par opposition à un assaut général de grande envergure.
Cette bataille fut également un succès pour la France, puisque les troupes réussirent enfin à retrouver ses anciennes lignes de 1916, que les Allemands ne parviendront plus à reprendre.
Ce n’est cependant pas encore la fin : Verdun et ses environs verront encore des combats jusqu’en 1918.