Portrait d’infirmière : Élisabeth de Belgique
Musée ouvert aujourd’hui de 09h30 à 18h00
La Première Guerre mondiale est le théâtre de nombreuses atrocités. L’utilisation des gaz toxiques en fait partie. Utilisé en premier par les Allemands, le gazage massif des troupes adverses est une technique aussi cruelle qu’efficace. Pourquoi les troupes se sont-elles servies de l’arme chimique ? Quels gaz ont été utilisés pendant la Première Guerre mondiale ? Quelles en sont les conséquences ? Le musée de la Grande Guerre de Meaux vous révèle tout sur cette guerre chimique.
Avant la Première Guerre mondiale, plusieurs accords autour des armements ont été signés. Il s’agit, en effet, d’établir différents accords politiques ou juridiques pour limiter, réduire, réglementer ou interdire certaines catégories d’armes ou de méthodes de guerre. L’utilisation de gaz pendant la Première Guerre mondiale est donc en principe contrôlée.
Le 22 avril 1915, l’armée allemande réalise sa première attaque massive au gaz à Ypres, en Belgique. Vers 17 heures, un nuage verdâtre de dichlore s’approche des tranchées dans lesquelles les soldats français de la 45e division d’infanterie et la 87e division d’infanterie territoriale sont stationnés. Près de 15 000 hommes ont été intoxiqués et plus d’un millier a perdu la vie. L’utilisation de gaz pendant la Première Guerre mondiale est une véritable tragédie, en plus d’être considérée comme “un acte commis par l’ennemi en violation du droit des gens”.
Les témoignages des Poilus victimes des gaz pendant la Première Guerre mondiale sont empreints d’horreur et de tristesse.
L’attaque d’Ypres a été supervisée par Fritz Haber. Cet éminent chimiste allemand est l’une des principales figures du développement des gaz de combat dans les tranchées. Ironie du sort, son travail sur la synthèse de l’ammoniac lui permettra d’obtenir le Prix Nobel de chimie de 1918.
La Première Guerre mondiale est une guerre qui a vu le développement de nombreuses armes nouvelles. Les gaz n’y font pas exception et de nombreux produits ont été développés et utilisés spécifiquement pour le conflit.
L’impact des gaz n’est pas seulement physique, mais aussi psychologique. L’infirmière Vera Brittain, écrit au sujet de l’utilisation des gaz pendant la Première Guerre mondiale : « Je souhaite que les personnes qui parlent de continuer cette guerre quel qu’en soit le prix puissent voir les soldats souffrant du gaz moutarde. De larges cloques jaunâtres, des yeux fermés aux paupières collantes et collées ensemble, se battant pour chaque bouffée d’air, murmurant que leur gorge se fermait et qu’ils savaient qu’ils allaient étouffer. »
Les gaz de combat lors de la Première Guerre mondiale ne peuvent être utilisés à n’importe quel moment. En cas de pluie, de fortes chaleurs ou de vents violents, la toxicité des gaz est réduite, sans oublier le risque non négligeable de voir le vent tourner et les gaz se retourner sur les tranchées des attaquants. Planifier une attaque au gaz demande donc de prendre de nombreux paramètres difficiles à anticiper. De plus, il ne s’agit pas de l’unique contrainte : la température du sol a également un rôle important dans l’utilisation des gaz. Si le sol est trop chaud, les nuées de gaz s’élèvent et leurs effets sont limités. Les conditions climatiques jouant sur l’utilisation d’une arme chimique rendent complexes les opérations.
La logistique est aussi à prendre en considération. L’utilisation de gaz lors de la Première Guerre mondiale nécessite une préparation en amont particulièrement compliquée. Il faut installer de nombreux cylindres de gaz (80 kilogrammes par cylindre) dans la première ligne de tranchées des troupes attaquantes. Ce processus peut être dangereux pour ceux qui manipulent les munitions. Par ailleurs, la manipulation de cylindres est lente et le camp d’en face a beaucoup de temps pour se rendre compte de la préparation de l’attaque et de prévoir des contre-mesures.
L’utilisation de gaz pendant la Première Guerre mondiale a totalement changé les façons de faire la guerre. Cet affrontement a fait évoluer la perception des conflits et des stratégies militaires. Si, dès 1925, lors de la troisième convention de Genève, les nations signataires s’engagent à ne plus utiliser d’armes chimiques dans les futurs conflits : « l’usage militaire de gaz asphyxiants ou toxiques, ou tous les liquides, matériaux ou mécanismes similaires, ont été justement condamnés par le monde civilisé », de nombreux conflits verront à nouveau l’arme chimique utilisée, et certains gaz de la Grande Guerre referont surface.
Bien d’autres conflits auront vu l’utilisation des gaz, montrant une nouvelle fois à quel point la Première Guerre mondiale représente un tournant dans l’histoire de l’humanité.
Si vous êtes intéressé par l’histoire et souhaitez en savoir plus sur la Première Guerre mondiale, le musée de la Grande Guerre de Meaux vous accueille !