Les infirmières de la Première Guerre mondiale
Musée ouvert aujourd’hui de 09h30 à 18h00
Un milliard. C’est le nombre total estimé d’obus qui ont été tirés au cours des 4 années qu’a duré la Première Guerre mondiale. Son rôle a été fondamental dans le déroulement des batailles et elle aura été la cause de la majorité des pertes au cours du conflit. Derrière les canons, il y avait des soldats. Qui étaient les artilleurs et quel était leur quotidien ?
Les artilleurs de la Première Guerre mondiale étaient d’origines très diverses. Là où les soldats de l’infanterie étaient essentiellement issus des populations rurales, l’utilisation de l’artillerie demandait des compétences variées et précises qui ont imposé de réunir des hommes aux profils différents.
Il fallait notamment du personnel formé aux métiers manuels et techniques, ce qui a favorisé le recrutement d’une population urbaine, proche des industries. Les mécaniciens, ouvriers et conducteurs étaient très sollicités.
Cependant, les populations rurales étaient aussi mobilisées pour des tâches liées aux chevaux utilisés pour le transport des pièces d’artillerie ou l’entretien des roues. Bourreliers, charretiers, charrons, maréchaux-ferrants sont donc également recherchés.
Les officiers, eux, devaient avoir des compétences scientifiques et techniques pour calculer avec précision les tirs et atteindre les cibles désignées. Si au début de la guerre, ils étaient avant tout recrutés parmi les élèves de l’École Polytechnique ou parmi les sous-officiers d’artillerie, la modernisation et la spécialisation de l’artillerie entraînera le recrutement d’ingénieurs en optique ou en physique, d’architectes, de météorologues, de photographes, de cartographes, de dessinateurs, etc.
Les qualités souvent recherchées chez les servants d’artillerie de la Première Guerre mondiale étaient la force et la résistance physique. Ils étaient en effet amenés à soulever de fortes charges : un obus de 200 mm pouvait peser jusqu’à 100 kilos ! On attendait aussi d’eux qu’ils aient des qualités telles que le goût du travail en équipe ou la rigueur.
Le rôle des artilleurs était central tout au long du conflit, à mesure que les techniques et les tactiques s’adaptaient aux réalités de la guerre. Leurs effectifs augmentèrent pour répondre à la demande. De 12 % des effectifs en 1914, ils en représentaient 22 % en 1918, soit 1 million de sous-officiers et soldats ainsi que 26 officiers.
L’artillerie avait un rôle précis au cours des batailles. La guerre des tranchées posait un problème : il était devenu pratiquement impossible de prendre d’assaut une position ennemie. Tandis que les assaillants traversaient le no man’s land, les défenseurs étaient à l’abri et déchaînaient un feu nourri. L’objectif était donc de détruire les tranchées adverses afin de préparer l’attaque. Cependant, cette préparation n’était pas toujours suffisante, comme ça a été le cas à la bataille de la Somme en 1916 : le réseau de défenses allemandes bétonnées a résisté au bombardement et l’infanterie britannique a été décimée. Pour cette même raison, neutraliser l’artillerie ennemie avant qu’elle en fasse de même était aussi un objectif stratégique.
Tirer au canon est une opération complexe qui demande de prendre en compte de nombreux paramètres. Les calculs se basent sur la direction, l’angle, la distance par rapport à l’objectif et, bien entendu, le poids de l’obus, mais pas seulement. Pour atteindre une haute précision, il faut aussi penser au taux d’usure des tubes des canons, la pression atmosphérique, le vent, la température… le tout pour atteindre un objectif que l’officier ne voit pas toujours ! L’observation est donc sa meilleure alliée.
En effet, avec les tranchées, l’ennemi est enterré et utilise des tactiques de camouflage, ce qui le rend bien plus difficile à repérer de loin. Le besoin de trouver d’autres méthodes pour repérer les batteries adverses s’est donc rapidement imposé.
Malgré le camouflage, les batteries ennemies ne peuvent cacher la fumée et la lumière produites par les tirs. C’est sur ces indices que vont se baser des observateurs spécialisés : les Sections de Recherche par Observations Terrestres (SROT). Trois à quatre points d’observation sont établis et ont pour objectif de déterminer la position d’une batterie en se basant sur des repères communs. Ils se basent pour cela sur le travail des Groupes de Canevas de Tir d’Armée (GCTA), créés le 12 décembre 1915. Ces spécialistes (architectes, géomètres, artistes peintres…), restituent les résultats de mesures et de photographies aériennes sous la forme de plans et de cartes. Plus tard seront développées des sections topographiques propres aux unités de repérage et les GCTA auront alors davantage un rôle de conseillers techniques.
L’observation est grandement facilitée par le développement de l’aviation, dont c’est le principal rôle depuis son introduction dans les stratégies militaires. Les avions fournissent des renseignements précieux, notamment en 1918, quand la France a réussi à créer une liaison radio entre un engin en vol et un observatoire d’artillerie. Cela permet de régler les tirs en temps réel.
Cependant, puisque les positions ennemies sont cachées et leur observation difficile, les avions présentent rapidement leurs limites. Sont alors développées ce que les artilleurs surnommaient des “saucisses” : des ballons gonflés à l’hydrogène reliés au sol par un câble d’acier. Perché jusqu’à 1000 mètres de haut, le soldat peut rester en observation pendant 10 à 15 heures. Ces ballons sont cependant des cibles privilégiées pour l’aviation ennemie, d’autant plus que l’hydrogène est un gaz hautement inflammable. C’est d’ailleurs pour cela que ces observateurs seront les premiers à être équipés de parachutes.
L’artillerie, de par son importance stratégique et ses conséquences à long terme sur la vie des soldats mutilés ou traumatisés, mais aussi sur les paysages qui portent encore aujourd’hui les stigmates des bombardements, est un élément clef pour comprendre la Première Guerre mondiale. Si vous voulez en savoir plus, le Musée de la Guerre de Meaux vous propose de découvrir ses collections. Vous y retrouverez aussi des pièces d’artillerie et d’autres objets liés. Mortier Cellerier, éclat d’obus, obus complets, douilles…