Douilles d’obus
Musée fermé actuellement
Cet éclat d’obus de la Première Guerre mondiale illustre la guerre industrielle, cette guerre moderne.
La Grande Guerre opère un véritable basculement dans l’armement. Produits en grand nombre – la France à elle seule en fabrique plus de 300 millions pendant le conflit – les obus sont responsables de 80 % des pertes militaires de la Grande Guerre, toutes nationalités confondues.
On perçoit aisément les conséquences dévastatrices de ces éclats sur les combattants. Projetés à très grande vitesse et portés à l’incandescence par l’explosion, les obus, pendant la guerre de 14-18, causent des dégâts considérables sur les corps et sont le plus souvent mortels. Avec leur développement, se pose également la question du traitement adapté à ces nouvelles blessures : comment soigner tant les blessures physiques (les fameuses “gueules cassées”) que psychologiques ?
À cela s’ajoutent d’autres dégâts provoqués durablement par les obus de la guerre de 14-18 : ils n’épargnent également pas la nature, dévastant là des forêts, ici des champs.
Ces orages d’acier qui s’abattent sur les fronts changent radicalement et durablement la manière de combattre : ainsi dans la Somme, dans les sept jours précédant l’offensive alliée du 1er juillet 1916, 1 500 000 obus ont été tirés par les seuls artilleurs britanniques. Ils contraignent les hommes à se protéger du feu en se couchant à terre. La position verticale, autrefois valorisée, cède peu à peu la place à la position horizontale
Plus encore, les obus sont à la fois l’une des causes et des explications de l’enlisement du conflit dans les tranchées : cette configuration nouvelle du combat oblige les armées à développer une artillerie aux calibres toujours plus puissants.
Il faut également imaginer les sensations olfactives et auditives associées à ces déluges d’obus lors de la Première Guerre mondiale : odeurs, chaleur, fracas, vibrations qui marquent les hommes et les traumatisent.
Pendant le conflit, certains de ces éclats sont travaillés par des soldats qui les recyclent, même s’il est plus facile de travailler sur les douilles dont le métal est plus souple.
Au lendemain de la guerre, des fragments d’obus se retrouvent un peu partout dans les zones de combats. Certains matériels d’artillerie s’imposent même comme des symboles des horreurs de la guerre, comme les shrapnels, obus fusant qui libéraient en vol de petites billes métalliques.