Les femmes dans la Grande Guerre
Musée ouvert aujourd’hui de 09h30 à 18h00
D’un côté des femmes de la haute société utilisent leurs relations et leurs voyages fréquents pour collecter et faire passer des messages. De l’autre, des réseaux de femmes sur le terrain, particulièrement dans les territoires occupés, collectent bruits et échos et divulguent de faux renseignements, dans une guerre de l’information née de l’enlisement du conflit.
Edith Cavell 1865 – 1915
L’Anglaise Edith Cavell fait ses études à Bruxelles où elle devient infirmière en chef de l’Institut de Chirurgie puis directrice de l’école des infirmières de l’Institut médical Berkendael d’Ixelles. Lors de l’invasion de la Belgique, Miss Cavell brave les lois militaires en aidant des centaines de soldats belges à passer vers les Pays-Bas neutres. Grâce à un réseau d’évasion, de Lille à Bruxelles en passant par Mons, les soldats restés dans des hôpitaux de campagne rejoignent le camp allié. Mais ce réseau est très vite découvert et Edith Cavell est arrêtée le 5 août 1915. Elle est condamnée à mort le 11 octobre et exécutée le lendemain. En 1919, sa dépouille est solennellement transférée en Angleterre. De nombreux monuments rendent hommage à celle qu’on considère comme « martyre » de la Grande Guerre.
Certaines femmes décident de mener un combat pour la paix. Malgré le surnom de « défaitistes », elles sont 1136 de douze pays à se réunir en mai 1915 à La Haye pour réfléchir à une solution pacifique du conflit, réflexions qui inspireront le Président Wilson pour le traité de paix.
Syndicalisme et pacifisme se rejoignent dans une volonté d’en terminer avec la guerre.
Ainsi le 23 mai 1918, à Saint-Chamond, des femmes se couchent sur des rails pour arrêter les trains qui acheminent les jeunes soldats mobilisés.
Hélène Brion 1882 – 1962
Hélène Brion est membre du syndicat des instituteurs et des institutrices et s’engage dans de nombreuses organisations féministes. En novembre 1917, elle est arrêtée pour diffusion de brochures pacifistes. Jugée en conseil de guerre en mars 1918 pour « défaitisme », elle proclame en tant que féministe son attachement à la paix. Elle est condamnée à trois ans de prison et ne sera réintégrée au sein de l’Education nationale qu’en 1925.
Certaines femmes n’hésitent pas à se travestir pour partir combattre, comme Dorothy Lawrence qui sert ainsi dans la Somme avant d’être découverte, arrêtée et renvoyée au Royaume-Uni, ou encore Milunka Savic.
Par ailleurs, des unités féminines apparaissaient. Les quatre bataillons russes dont celui de Maria Botchkareva, sont les seuls créés pour combattre. En Angleterre, le Women Army’s Auxilliary Corps envoie en France des cuisinières et des secrétaires. Aux Etats-Unis, des femmes intègrent les réservistes de la marine et même si elles restent cantonnées à des missions en retrait (secrétariat, communications, mécanique), elles bénéficient du même traitement que les hommes (même salaire et statut de vétéran).En Serbie, les femmes jouent un rôle important dans la défense armée et leur image de bravoure est récupérée par la propagande.
Milunka Savic 1888 – 1973
En 1913, au cours de la Seconde guerre des Balkans, lorsque son frère reçoit son ordre de mobilisation, Milunka se coupe les cheveux et prend sa place dans l’armée serbe. Elle se révèle brave et bonne tireuse ce qui lui vaut une première décoration ainsi que le rang de caporal. Blessée, sa véritable identité est révélée mais elle continue de combattre, s’illustrant à de nombreuses reprises comme lors de la capture de soldats bulgares en 1916. Elle retourne à la vie civile et est largement oubliée en dépit du fait qu’elle soit la femme soldat la plus décorée de l’histoire.