Les femmes dans la Guerre : vie quotidienne à l'arrière ou en zone occupée - Musée de la Grande Guerre

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Les femmes dans la Guerre : vie quotidienne à l'arrière ou en zone occupée

Charlotte Delory - régisseuse des collections | 10.18.21
Les femmes dans la Guerre : vie quotidienne à l'arrière ou en zone occupée

La mobilisation financière

Rationnée, mobilisée vers l’effort de guerre, la population est également sollicitée pour soutenir financièrement le conflit. L’or est particulièrement recherché et chacun est incité à l’échanger contre de la monnaie fiduciaire. La femme, restée à l’arrière, est particulièrement concernée par ces appels à la générosité.

L’engagement se manifeste également à travers un soutien charitable. Des personnalités mettent leur fortune ou leur notoriété au service des plus démunis et des civils. Des femmes aristocrates, investies dans l’aide aux plus démunis, engagent des actions de charité traditionnelles.

A l’image des grandes philanthropes, la population se mobilise pour venir en aide aux mutilés, aux orphelins, aux veuves, aux réfugiés des régions occupées. Les causes ne manquent pas et pour y répondre, les organismes utilisent eux aussi la propagande avec des affiches et multiplient les quêtes et les journées thématiques.

 

Elisabeth von Wittelsbach 1876 – 1965

Epouse d’Albert Ier de Belgique, neveu du roi Léopold II, elle devient reine de Belgique à la mort de ce dernier en 1909. A l’entrée des troupes allemandes en Belgique, le couple refuse de quitter le pays. Surnommée « la Reine Infirmière », elle apporte son soutien aux soldats et aux blessés, consacre une partie de son temps à l’hôpital L’Océan de La Panne et fonde des organismes de secours. Grâce à leur courage, le couple royal connaît une grande popularité et une reconnaissance aussi bien de la population belge que des Alliés.

Le soutien au soldat

Liens épistolaires

Face aux semaines qui passent, le manque de l’homme de la maison est un vrai ressenti. Correspondre devient une priorité. Dès décembre 1914, des secteurs postaux militaires sont créés afin de faciliter les envois (plus de 5 millions de correspondances par jour).

Les soldats reçoivent des objets de première nécessité (tabac, bougies, vêtements chauds ou un peu d’argent). Ils font parvenir des photographies d’eux et de leurs camarades et en reçoivent de leur femme et de leurs enfants. Pourtant, les lettres soumises au contrôle postal, ne révèlent pas toute la vérité. Beaucoup de pudeur se dégage de ces échanges. Il ne faut pas angoisser ceux restés à l’arrière, ne pas trop faire sentir l’inquiétude et l’absence de l’être aimé sans démoraliser. Pour beaucoup, les mots manquent.

Les marraines de guerre

La famille du soldat est fondée en 1915 pour mettre en rapport les combattants avec des femmes généreuses qui, en leur écrivant, leur apportent une présence et un peu de soutien. Face à la demande, les associations se multiplient et on compte jusqu’à 70 000 filleuls.

Hélène Turquand d’Auzay 1894 – 1949

Hélène et André se rencontrent à l’été 1914, juste avant la mobilisation. C’est à travers les cartes et lettres que leur relation se développe, avant qu’André n’obtienne sa première permission en 1915. Ils se revoient en janvier 1916 et Hélène tombe enceinte. Ils se marient en juin à la mairie du XVIIème arrondissement. Ce sera leur dernière entrevue. Les lettres témoignent du suivi de leur relation. Elles se croisent et expriment l’amour du jeune couple : « heureux instants », « bouche gourmande », « meilleurs baisers de ton p’tit homme ». Le 16 juin 1916, André Turquand d’Auzay est tué lors d’une offensive dans la Somme. Le 11 août, Hélène met au monde un fils qu’elle appelle André, Auguste, Marie, les trois prénoms de son mari. Elle ne se remariera jamais et élèvera son enfant dans le souvenir de son amour perdu.

Réfugiées et deportées

En 1914, face à l’invasion allemande, des centaines de milliers de civils évacuent la Belgique puis les territoires du nord et de l’est de la France. Certains vont rester pendant quatre ans loin de leur foyer, alors que d’autres attendent que le front se stabilise pour retourner chez eux.

Dans les territoires occupés, les Allemands choisissent progressivement de se débarrasser des « bouches inutiles », en les évacuant vers la France ou vers l’Allemagne. Les déportations ont également pour but de pallier le manque de main d’œuvre. Ainsi entre 1916 et 1918, 20 000 Lilloises sont envoyées dans les Etappengebiete, régions intermédiaires entre les zones de combat et l’Allemagne épargnée par la guerre. Elles contribuent à l’effort de guerre allemand en cultivant et en effectuant des travaux et des réparations sur les routes et les ouvrages d’art. 

Les habitants des territoires occupés doivent se plier à des réglementations strictes. Ils subissent des restrictions draconiennes et les réquisitions de l’armée allemande. Les femmes, les enfants et les vieillards sont également soumis aux travaux forcés, mais pour ceux qui osent braver l’autorité allemande, les peines sont sévères allant parfois jusqu’à l’exécution.

 

Elisabeth Rouy 1897 – 1988

Elisabeth habite entre Sedan et Charleville. Lors de l’invasion, elle reste sur place et dessine. Ses aquarelles et ses dessins aux fusains sont essentiellement des portraits des soldats allemands. Malgré son jeune âge, elle saisit aussi bien la bonhommie d’un soldat bavarois fumant sa pipe, la joie de deux jeunes filles discutant ou la sévérité d’une infirmière. En 1917, elle est évacuée et tente de faire passer clandestinement ces œuvres en les cachant dans le double fond d’une boîte de peinture. La boîte est refusée et reste dans la famille en territoire occupé mais les dessins ne sont pas découverts et sont gardés. Après la guerre, Elisabeth Rouy devient religieuse aux Petites sœurs de l’Assomption et le restera toute sa vie.

AFFICHE DE SOUSCRIPTION POUR VENIR EN AIDE AUX RÉFUGIÉS DE L'AISNE - THÉOPHILLE STEINLEN

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DESSIN D'ELISABETH ROUY

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