Portrait d’infirmière : Élisabeth de Belgique
Musée ouvert aujourd’hui de 09h30 à 18h00
Au cours de la Première Guerre mondiale, les infirmières mettaient souvent leur vie en jeu pour sauver celle des blessés et des malades, en étant proche des combats ou en s’exposant à des maladies infectieuses. Parmi elles, on peut citer le nom de sœur Julie. Qu’a-t-elle accompli au cours de la guerre ? Nous vous proposons de découvrir cette femme qui a marqué son temps.
En 1914, un changement majeur était en train de s’opérer dans le secteur des soins médicaux. Les découvertes de Louis Pasteur transforment les pratiques et un mouvement de laïcisation de la médecine est en marche. Traditionnellement, ce sont les sœurs religieuses qui s’occupaient des soins aux malades, bien qu’elles n’aient pas de formation technique. Leur place dans les hôpitaux est désormais remise en cause, en faveur des infirmières professionnelles. Certains médecins souhaitent également écarter les religieuses parfois réfractaires aux nouvelles pratiques comme la vaccination.
Cependant, au début du XXe siècle, les infirmières professionnelles étaient encore peu nombreuses et les sœurs de charité assuraient les soins dans la plupart des villes. En 1914, on comptait 6 600 infirmières professionnelles contre 12 000 religieuses issues de plusieurs congrégations, comme les Augustines ou les Filles de la charité de Saint Vincent de Paul.
Amélie Rigard, en religion, Sœur Julie, est née en 1854 à Landremont, en Meurthe-et-Moselle. Cette fille d’instituteur rentre en religion au sein de la Congrégation des sœurs hospitalières de Saint-Charles à Nancy à l’âge de 21 ans. Elle dirige pendant plusieurs années l’hospice de Saint-Matthieu de Nancy, avant d’être nommée à la tête de l’hospice de Gerbéviller, en Meurthe-et-Moselle, en 1912. C’est ici qu’elle œuvrait quand la Première Guerre mondiale éclate.
Dès le mois d’août 1914, Gerbéviller devient le théâtre de violents combats. L’hospice accueille donc de nombreux blessés et sœur Julie chapeaute sa transformation en hôpital. Le bombardement de la ville fait fuir les civils, mais les sœurs refusent de quitter leur hospice, qui abrite alors de nombreux blessés civils et militaires.
Le 24 août 1914, des soldats Allemands se présentent et exigent d’entrer, à la recherche de troupes françaises qui y seraient cachées. Sœur Julie se présente et leur tient tête, insistant sur le fait qu’il n’y a que des blessés, et, à force d’argumentation, parvient à convaincre les soldats de rebrousser chemin.
Pendant des semaines, les combats se poursuivent, la ville change de mains plusieurs fois entre les Français et les Allemands, avant d’être reprise par la France en septembre 1914. Durant tout ce temps, sœur Julie et ses coreligionnaires resteront sur place et continueront à prendre soin des blessés.
Leur courage et leur abnégation leur vaudra une citation à l’ordre du jour du journal officiel du 19 septembre 1914 :
« Mesdames Rigard, Mallard, Collet, Rémy, Bircker, Guertner, religieuses de Saint-Charles, qui ont, depuis le 24 août, sous un feu incessant et meurtrier, donné dans leur établissement de Gerbéviller, asile à environ 1000 blessés en leur assurant la subsistance et les soins les plus dévoués, alors que la population civile avait complètement abandonné la ville. Ce personnel, en outre, a accueilli chaque jour de très nombreux soldats de passage, auxquels il a servi tous les aliments nécessaires. »
Sœur Julie sera décorée de la Légion d’Honneur par le président Raymond Poincaré en personne le 29 novembre 1914.
Son image et l’épisode de Gerbéviller sont partout dans la presse. On loue l’idéal patriotique qu’elle représente et son dévouement face au risque. Plusieurs articles de presse lui sont consacrés. Elle sera en couverture du quotidien Excelsior ou encore du supplément illustré du Petit Journal du 24 janvier 1915. Des cartes postales la représentant sont éditées, illustrant notamment le moment où elle s’interpose entre les Allemands et les blessés.
Sœur Julie, cependant, n’a pas laissé cette célébrité perturber son quotidien. Elle continue d’exercer ses fonctions à l’hospice de Gerbéviller jusqu’à sa mort en 1925. Son histoire montre le rôle important joué par les religieuses dans les soins médicaux, alors que les infirmières professionnelles n’étaient pas assez nombreuses pour faire face à l’arrivée massive et inattendue de blessés et de malades.
La Première Guerre mondiale est un conflit complexe aux nombreux aspects. Le Musée de la Grande Guerre de Meaux vous propose de le découvrir au fil de sa collection permanente qui présente des objets de tous types.