Qu’est-ce qu’une guerre de tranchées ?
Musée ouvert aujourd’hui de 09h30 à 18h00
De 1914 à 1918, la Première Guerre mondiale a ravagé le monde. Conflit d’une ampleur inconnue jusqu’alors, il aura fallu plus de 4 années pour qu’enfin, un armistice final soit signé le 11 novembre 1918. Comment le conflit a-t-il pris fin et quelles ont été les conséquences pour le monde ?
Si le front de l’ouest était bloqué depuis des années, début 1918, la situation change. D’une part, les Russes quittent le conflit et d’autre part, les Américains ne sont pas encore arrivés en Europe. L’Allemagne profite donc du retrait russe pour renvoyer ses troupes à l’ouest, espérant vaincre ses ennemis avant le déploiement des troupes américaines sur le front de l’ouest.
Commence alors l’offensive de printemps le 21 mars 1918, qui au départ est une réussite. Les Allemands progressent sur le territoire français et sont assez près de Paris pour la bombarder, provoquant l’exode de 500 000 Parisiens. C’est également au cours de cette offensive que commence la deuxième bataille de la Marne.
Cependant, au cours de cette offensive, l’Allemagne commet une erreur stratégique. Elle s’enfonce profondément en territoire ennemi, sans protéger ses flancs. Le 18 juillet, la France profite de cette faille pour attaquer. L’armée allemande risque alors l’encerclement et est obligée de se replier. C’est la fin de l’offensive de printemps.
Quelques semaines plus tard commence la contre-attaque alliée, que l’on nommera l’offensive des Cent-Jours. Elle s’ouvre sur la 3e bataille de Picardie menée par le Canada avec la France, l’Australie et le Royaume-Uni qui parviennent une nouvelle fois à faire reculer l’Allemagne. Plusieurs autres batailles s’enchaînent, mais c’est l’offensive Meuse-Argonne, menée par les Américains et les Français, qui porte le coup final à l’armée allemande. 26 000 Américains périront lors de cette bataille, qui est encore aujourd’hui la plus mortelle de leur histoire.
C’est également à cette époque que l’Allemagne commence à être de plus en plus isolée, alors que ses alliés se retirent un à un du conflit :
La situation déjà difficile de l’Allemagne empire dans les derniers jours de la guerre, alors que le mécontentement grandit. Le 3 novembre, des marins de Kiel, qui refusent de participer à une bataille perdue d’avance contre la Royal Navy, se mutinent. Ce mouvement de protestation gagne alors tout l’empire et pousse l’empereur Guillaume II à démissionner le 9 novembre. Deux jours plus tard, le 11 novembre 1918, le dernier armistice est signé, mettant enfin fin à la Grande Guerre.
Si le traité de Versailles est très connu, il faut savoir qu’en réalité, il a fallu 16 traités entre 1918 et 1923 pour mettre fin à la guerre entre les différentes parties. Certains ont été rapidement remis en question et modifiés par des traités subséquents. Voici les traités qui ont dus être signés.
D’un point de vue humain, la guerre a causé la mort de 10 millions de personnes et l’invalidité de 8 millions d’autres. À cela s’ajoute l’épidémie de grippe espagnole, commencée en 1918 et qui durera jusqu’en 1921, causant 20 à 50 millions de morts dans le monde entier, alors que la population est épuisée par des années de guerre et les pénuries.
Comme on peut s’en douter au vu des nombreux traités, après la Première Guerre mondiale, le monde, et tout particulièrement la carte d’Europe se trouvent totalement transformés. Les grands empires allemands, austro-hongrois, ottomans et russes s’écroulent et entraînent l’apparition de nouveaux États.
La Russie se retrouve transformée. La révolution bolchévique, menée par Lénine, fait chuter l’empire et le dernier tsar Nicolas II est emprisonné avant d’être assassiné avec sa famille le 17 juillet 1918, tandis que l’État communiste est fondé. Le traité de Brest-Litovsk fait perdre de nombreuses terres aux Russes, qui voient notamment les pays Baltes, la Finlande et la Pologne prendre leur indépendance.
L’Autriche-Hongrie est démantelée : la Hongrie et la Tchécoslovaquie prennent leur indépendance, tandis que l’Autriche cède des territoires à la Pologne.
Le sud de la province de Tyrol et Trieste est cédé à l’Italie, tandis que la Roumanie récupère la Transylvanie et la Bucovine.
Enfin, les États des Balkans s’unissent pour former la Yougoslavie, l’objectif des conspirateurs qui avaient assassiné l’archiduc François-Ferdinand.
L’Empire ottoman chute et les Turcs perdent une grande partie de leur territoire. Après plusieurs guerres et traités de paix, la Turquie parvient à pousser les alliés à négocier une paix moins défavorable et les frontières actuelles sont enfin fixées.
Le reste de son territoire ne devient cependant pas indépendant, puisque plusieurs mandats sont accordés à des pays vainqueurs pour administrer ces régions :
Dans la péninsule arabique, la dynastie des Saoud étend son influence et finira par fonder l’Arabie saoudite en 1932, tandis qu’au sud, le Yémen prend son indépendance.
Les années suivantes verront la Turquie se transformer sous l’influence de Mustafa Kemal, le fondateur de l’État turc moderne, qui notamment abolira le califat en 1923.
Enfin, le traité de Versailles a été très dur pour l’Allemagne, obligée de payer de lourdes réparations qui handicaperont fortement son économie pour les années à venir. Elle doit céder des territoires à la France, à la Belgique, au Danemark et surtout, à la Pologne. L’Allemagne perd également toutes ses colonies en Afrique et en Océanie au profit des alliés. Son territoire est également partiellement occupé.
Ce traité est très mal reçu par la population allemande, qui se voit imposer de telles sanctions alors que son territoire n’a jamais été envahi. Pour éviter de subir les conséquences du mécontentement de la population, l’état-major allemand crée le mythe du “coup de poignard dans le dos” (Dolchstoßlegende). La défaite ne serait pas due à l’armée allemande, qui n’aurait pas été vaincue, mais bien à la population civile, notamment aux milieux de gauche. Cette idée aura de funestes conséquences, car elle sera utilisée par Adolf Hitler pour arriver au pouvoir.
Si les alliés ont gagné la guerre et acquis de nouveaux territoires, la victoire n’est pas totale et aura des conséquences imprévues dans les décennies suivantes.
Pour les colonies du Royaume-Uni, qui ont combattu dans de dures batailles (la bataille des Dardanelles pour l’Australie et la Nouvelle-Zélande ou la bataille de Passchendaele pour les Canadiens) le sentiment national est renforcé. Le même sentiment conduira à la guerre d’indépendance irlandaise.
Pour la France comme pour le Royaume-Uni, les pays colonisés d’Afrique, ne voyant pas leurs conditions s’améliorer en dépit des sacrifices consentis pour les pays colonisateurs voient aussi leurs sentiments nationalistes se renforcer.
L’Italie, elle, ne récupère pas tous les territoires promis par les alliés, qui étaient pourtant la condition de son entrée en guerre, au point que les Italiens parlaient de “victoire mutilée”. Ce sentiment de trahison sera exploité par Mussolini et exacerbera la montée du fascisme.
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