Comment s’est finie la Première Guerre mondiale ? - Musée de la Grande Guerre

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La fin de la Première Guerre mondiale

11.16.22

De 1914 à 1918, la Première Guerre mondiale a ravagé le monde. Conflit d’une ampleur inconnue jusqu’alors, il aura fallu plus de 4 années pour qu’enfin, un armistice final soit signé le 11 novembre 1918. Comment le conflit a-t-il pris fin et quelles ont été les conséquences pour le monde ?

Comment se finit la Première Guerre mondiale ?

Si le front de l’ouest était bloqué depuis des années, début 1918, la situation change. D’une part, les Russes quittent le conflit et d’autre part, les Américains ne sont pas encore arrivés en Europe. L’Allemagne profite donc du retrait russe pour renvoyer ses troupes à l’ouest, espérant vaincre ses ennemis avant le déploiement des troupes américaines sur le front de l’ouest.

Commence alors l’offensive de printemps le 21 mars 1918, qui au départ est une réussite. Les Allemands progressent sur le territoire français et sont assez près de Paris pour la bombarder, provoquant l’exode de 500 000 Parisiens. C’est également au cours de cette offensive que commence la deuxième bataille de la Marne.

Cependant, au cours de cette offensive, l’Allemagne commet une erreur stratégique. Elle s’enfonce profondément en territoire ennemi, sans protéger ses flancs. Le 18 juillet, la France profite de cette faille pour attaquer. L’armée allemande risque alors l’encerclement et est obligée de se replier. C’est la fin de l’offensive de printemps.

Quelques semaines plus tard commence la contre-attaque alliée, que l’on nommera l’offensive des Cent-Jours. Elle s’ouvre sur la 3e bataille de Picardie menée par le Canada avec la France, l’Australie et le Royaume-Uni qui parviennent une nouvelle fois à faire reculer l’Allemagne. Plusieurs autres batailles s’enchaînent, mais c’est l’offensive Meuse-Argonne, menée par les Américains et les Français, qui porte le coup final à l’armée allemande. 26 000 Américains périront lors de cette bataille, qui est encore aujourd’hui la plus mortelle de leur histoire.

C’est également à cette époque que l’Allemagne commence à être de plus en plus isolée, alors que ses alliés se retirent un à un du conflit :

  • la Bulgarie signe l’armistice de Thessalonique dès le 29 septembre, ne pouvant plus supporter l’effort de guerre ;
  • les Ottomans subissent une défaite stratégique à la bataille de Megiddo (du 19 au 21 septembre 1918) contre les Britanniques et signent l’armistice de Moudros le 30 octobre ;
  • l’Autriche-Hongrie subit une percée de la part des forces italiennes à partir du 24 octobre, alors que la désertion de troupes slaves affaiblit d’autant son armée. Elle signe finalement l’armistice de Villa Giusti le 4 novembre, faisant perdre à l’Allemagne son principal et dernier allié.

La situation déjà difficile de l’Allemagne empire dans les derniers jours de la guerre, alors que le mécontentement grandit. Le 3 novembre, des marins de Kiel, qui refusent de participer à une bataille perdue d’avance contre la Royal Navy, se mutinent. Ce mouvement de protestation gagne alors tout l’empire et pousse l’empereur Guillaume II à démissionner le 9 novembre. Deux jours plus tard, le 11 novembre 1918, le dernier armistice est signé, mettant enfin fin à la Grande Guerre.

Les délégues allemands à la signature du traité de Versailles
Les délégues allemands à la signature du traité de Versailles

16 traités pour mettre fin à la guerre

Si le traité de Versailles est très connu, il faut savoir qu’en réalité, il a fallu 16 traités entre 1918 et 1923 pour mettre fin à la guerre entre les différentes parties. Certains ont été rapidement remis en question et modifiés par des traités subséquents. Voici les traités qui ont dus être signés.

  • Le traité de Brest-Litovsk, le 3 mars 1918, entre les empires centraux et la Russie, alors en proie à la révolution. La Russie doit renoncer à la souveraineté sur les pays baltes, la Finlande, l’Ukraine ainsi que plusieurs territoires en Biélorussie et dans le Caucase. Les pays nouvellement libérés sont occupés par l’Allemagne. Quand celle-ci capitule, la Russie remet en question le traité et envahit la plupart des territoires perdus, notamment les pays baltes.
  • Le traité de Batoum, le 4 juin 1918, entre l’Empire ottoman et l’Arménie, l’Azerbaïdjan et la Géorgie.
  • Le traité de Versailles, le 28 juin 1919, le plus connu, entre les alliés et l’Allemagne. Elle est considérée comme la principale responsable de la guerre et subit de fortes pénalités territoriales, économiques et militaires. La sévérité de ces conditions provoquera un sentiment de revanchisme qui sera l’un des facteurs menant à la Seconde Guerre mondiale.
  • Le traité de Saint-Germain-en-Laye, le 10 septembre 1919, entre les alliés et l’Autriche.
  • Le traité de Neuilly, le 27 novembre 1919 entre les alliés et la Bulgarie.
  • Le traité de Tartu, le 2 février 1920, forçant l’URSS à reconnaître l’indépendance de l’Estonie.
  • Le traité de Trianon, le 4 juin 1920, entre les alliés et la Hongrie.
  • Le traité de Moscou, le 12 juillet 1920, forçant l’URSS à reconnaître l’indépendance de la Lituanie.
  • Le traité de Sèvres, le 10 août 1920, entre les alliés et l’Empire ottoman, qui conduira à la guerre d’indépendance turque.
  • Le traité de Paris, le 28 octobre 1920, qui rattache la Bessarabie (qui couvre la majorité de la Moldavie actuelle) à la Roumanie.
  • Le premier traité de Rapallo, le 12 novembre 1920, durant laquelle l’Italie et la Yougoslavie établissent leur frontière, pour résoudre les conflits dus au traité de Saint-Germain-en-Laye.
  • Le traité d’Alexandropol, le 2 décembre 1920, conclu entre la Turquie et l’Arménie, venant remplacer celui de Batoum, suite à la guerre entre les deux pays.
  • Le traité de Riga, le 18 mars 1921, qui force les Russes à reconnaître l’indépendance de la Lettonie.
  • Le traité de Kars, le 13 octobre 1921, entre la Turquie et l’URSS concernant le Caucase.
  • Le deuxième traité de Rapallo, le 16 avril 1922, entre l’Allemagne et l’URSS, qui renoncent ainsi aux réparations qu’elles se devaient l’une à l’autre et permet de rétablir les relations diplomatiques et commerciales entre les deux pays.
  • Le traité de Lausanne, le 24 juillet 1923, qui permet la révision du traité de Sèvre en faveur de la Turquie.
Les conditions de l'armistice du 11 novembre 1918
Les conditions de l'armistice du 11 novembre 1918

À quoi ressemble le monde après la guerre ?

D’un point de vue humain, la guerre a causé la mort de 10 millions de personnes et l’invalidité de 8 millions d’autres. À cela s’ajoute l’épidémie de grippe espagnole, commencée en 1918 et qui durera jusqu’en 1921, causant 20 à 50 millions de morts dans le monde entier, alors que la population est épuisée par des années de guerre et les pénuries.

Comme on peut s’en douter au vu des nombreux traités, après la Première Guerre mondiale, le monde, et tout particulièrement la carte d’Europe se trouvent totalement transformés. Les grands empires allemands, austro-hongrois, ottomans et russes s’écroulent et entraînent l’apparition de nouveaux États.

La Russie révolutionnaire

La Russie se retrouve transformée. La révolution bolchévique, menée par Lénine, fait chuter l’empire et le dernier tsar Nicolas II est emprisonné avant d’être assassiné avec sa famille le 17 juillet 1918, tandis que l’État communiste est fondé. Le traité de Brest-Litovsk fait perdre de nombreuses terres aux Russes, qui voient notamment les pays Baltes, la Finlande et la Pologne prendre leur indépendance.

L’Europe centrale redessinée

L’Autriche-Hongrie est démantelée : la Hongrie et la Tchécoslovaquie prennent leur indépendance, tandis que l’Autriche cède des territoires à la Pologne.

Le sud de la province de Tyrol et Trieste est cédé à l’Italie, tandis que la Roumanie récupère la Transylvanie et la Bucovine.

Enfin, les États des Balkans s’unissent pour former la Yougoslavie, l’objectif des conspirateurs qui avaient assassiné l’archiduc François-Ferdinand.

La chute des Ottomans

L’Empire ottoman chute et les Turcs perdent une grande partie de leur territoire. Après plusieurs guerres et traités de paix, la Turquie parvient à pousser les alliés à négocier une paix moins défavorable et les frontières actuelles sont enfin fixées.

Le reste de son territoire ne devient cependant pas indépendant, puisque plusieurs mandats sont accordés à des pays vainqueurs pour administrer ces régions :

  • la France prend le contrôle du Liban et de la Syrie ;
  • le Royaume-Uni prend le contrôle de la Mésopotamie et de la Palestine.

Dans la péninsule arabique, la dynastie des Saoud étend son influence et finira par fonder l’Arabie saoudite en 1932, tandis qu’au sud, le Yémen prend son indépendance.

Les années suivantes verront la Turquie se transformer sous l’influence de Mustafa Kemal, le fondateur de l’État turc moderne, qui notamment abolira le califat en 1923.

L’Allemagne, scandalisée par le traité de Versailles

Enfin, le traité de Versailles a été très dur pour l’Allemagne, obligée de payer de lourdes réparations qui handicaperont fortement son économie pour les années à venir. Elle doit céder des territoires à la France, à la Belgique, au Danemark et surtout, à la Pologne. L’Allemagne perd également toutes ses colonies en Afrique et en Océanie au profit des alliés. Son territoire est également partiellement occupé.

Ce traité est très mal reçu par la population allemande, qui se voit imposer de telles sanctions alors que son territoire n’a jamais été envahi. Pour éviter de subir les conséquences du mécontentement de la population, l’état-major allemand crée le mythe du “coup de poignard dans le dos” (Dolchstoßlegende). La défaite ne serait pas due à l’armée allemande, qui n’aurait pas été vaincue, mais bien à la population civile, notamment aux milieux de gauche. Cette idée aura de funestes conséquences, car elle sera utilisée par Adolf Hitler pour arriver au pouvoir.

Un bilan contrasté pour les alliés

Si les alliés ont gagné la guerre et acquis de nouveaux territoires, la victoire n’est pas totale et aura des conséquences imprévues dans les décennies suivantes.

Pour les colonies du Royaume-Uni, qui ont combattu dans de dures batailles (la bataille des Dardanelles pour l’Australie et la Nouvelle-Zélande ou la bataille de Passchendaele pour les Canadiens) le sentiment national est renforcé. Le même sentiment conduira à la guerre d’indépendance irlandaise.

Pour la France comme pour le Royaume-Uni, les pays colonisés d’Afrique, ne voyant pas leurs conditions s’améliorer en dépit des sacrifices consentis pour les pays colonisateurs voient aussi leurs sentiments nationalistes se renforcer.

L’Italie, elle, ne récupère pas tous les territoires promis par les alliés, qui étaient pourtant la condition de son entrée en guerre, au point que les Italiens parlaient de “victoire mutilée”. Ce sentiment de trahison sera exploité par Mussolini et exacerbera la montée du fascisme.

Vous voulez mieux connaître la Première Guerre mondiale et ses conséquences ? Le musée de la Grande Guerre de Meaux vous invite à venir en savoir plus !